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Le Chateau Arabe

L’existence d’une fortification à Salobreña remonte au Xe siècle. Bien que la distribution corresponde à la construction datant de l’époque nasride, le château est le fruit d’un apport de l’architecture musulmane et chrétienne.
Il dispose de 3 enceintes : une à l’intérieur, qui communique avec l’ancien alcazar nasride et les deux autres, qui au rôle plutôt défensif, qui sont un agrandissement castillan datant du XVe siècle.
Il fut également la résidence secondaire des émirs et de la Famille Royale de Grenade à l’époque nasride (XIVe et XVe siècles), et fit l’objet de nombreuses transformations durant le XIIIe et XIVe siècle afin de l’aménager en palais.
Ses murs sont témoins d’épisodes historiques importants de l’histoire du règne puisqu’il fut également la prison « royale » des émirs détrônés et des membres de familles royales par peur ou en raison de conspirations et de trahisons au pouvoir. Parmi eux, on peut citer Yusuf III, qui fut emprisonné dans le château de Salobreña entre 1392 et 1408. Mohammed VIII fut exécuté en ce lieu sur ordre de son propre oncle, Mohammed IX le Gaucher. Voici les nombreuses légendes écrites qui relatent les épisodes historiques du château de Salobreña. Une fois la domination arabe terminée, la garnison du château était constituée d’un groupe de soldats envoyés par le maire. Le premier d’entre eux fut le Capitaine Principal d’Artillerie Francisco Ramírez de Madrid, remarié à Isabel Galindo, professeur de latin de la Reine Isabelle la Catholique.

Au cours du XVIIe et du XVIIIe siècles, on projetait de construire une fortification autour de la ville de Salobreña afin de l’adapter aux besoins militaires chrétiens en raison de sa localisation stratégique sur la Côte de Grenade.

Depuis ses tours, nous pouvons admirer en contrebas la trame urbaine de Salobreña, la plaine fertile de la Vega, la mer et la Sierra Nevada. Ses tours, ses créneaux, ses murailles, son enclave et ses paysages ont fait du château l’un des monuments les plus visités de la province de Grenade.
Le monument est un des Biens d’Intérêt Culturel de l’Andalousie. Il peut être visité et est ouvert au public toute l’année.

Situé sur un promontoire rocheux perché à plus de 100 mètres au-dessus du niveau de la mer, son emplacement privilégié depuis de nombreux siècles fait de son enclave un lieu propice à l’occupation de l’Homme ; dont la présence remonte à -3000 avant Jésus-Christ.

Les premières références écrites au monument en tant que fortification datent du Xe siècle. Il a été construit à des fins défensives, pour contrôler la madina ainsi que la mise en scène et la projection du pouvoir aussi bien sur la madina que sur la mer. Durant le règne nazari (1232-1492), il a occasionnellement fait office de prison royale et a hébergé une petite zone palatine.

Après sa prise par les Castillans en 1489, la forteresse a conservé son importance militaire jusqu’au XVIIIe siècle en étant restructurée et réadaptée aux nouveaux besoins militaires. Elle a joué un rôle de point de contrôle du territoire, qui n’a connu la paix qu’à la fin de la rébellion morisque à la fin du XVIe siècle.

En 1490, les premières réformes visant à renforcer ses points faibles ont été mises en place en réponse à l’insécurité qui régnait à la fin de la guerre de Grenade et à la crainte d’une attaque venant d’Afrique du Nord.

Au début du XVIIIe siècle, le château était en état de ruine avancé. En 1849, il a été abandonné car il était devenu inutile d’un point de vue militaire.

De la fin du XIXe au milieu du XXe siècle, le château a été une propriété privée. En 1964, le Trésor Public l’a cédé à la mairie de Salobreña, qui l’a rénové afin d’en faire un lieu de visite et un espace scénique. Pour y parvenir, il a fallu réaliser sept projets de restauration.

Itineraire proposé

1. PORTE PRINCIPALE

Elle s’inscrit à l’intérieur d’une tour dans laquelle se développe un  accès typique en courbe simple, articulé avec un espace carré couvert d’une voûte en pendentif en brique. Donnant sur le mur sud, l’ouverture extérieure en brique présente un arc avec son alfiz correspondant. Le vain intérieur  s’ouvre dans le mur ouest pour permettre d’accéder à l’enceinte inférieure de la forteresse. Aussi bien sur la porte extérieure qu’intérieure, on conserve les trous de contrôle d’accès et les empreintes des portes. Dans l’espace central, on peut observer sur le côté est une meurtrière d’artillerie et au nord une niche au fond de laquelle on voit les vestiges du mur extérieur en pisé de la tour. Elle fut construite au temps des Rois Catholiques pour renforcer les défenses du château, et fut restaurée en 1974.

Elle se situe au nord-est de l’enceinte. Il s’agit d’une porte coudée en forme de L simple, intégrée dans une tour quadrangulaire. Ce type de tour d’accès, utilisé depuis l’époque almohade, s’est généralisé durant le règne nazari, car sa disposition particulière permet une meilleure défense et adoucit la pente d’accès.

Cette tour reliait directement la forteresse à la madina à l’époque nazari et il est possible qu’à cette période, elle se situait plutôt vers la Torre del Cubo, dans le tronçon de muraille qui les relie. Les réformes castillanes visant à améliorer la défense de ce secteur de la forteresse afin d’installer l’artillerie ont entraîné sa construction à son emplacement actuel à la fin du XVe siècle.

La fausse porte du domaine

Elle se situe dans la portion de muraille qui ferme le passage d’accès à la forteresse par le nord. Sa fonction était de permettre la sortie depuis l’alcazaba sans passer par la madina ou la ville.

On ignore quand elle a cessé de fonctionner, mais elle n’apparaissait déjà plus dans un plan datant de 1722.

Après les travaux de restauration de 1974, l’extérieur du mur a été consolidé et la porte a été occultée et à l’intérieur, elle a été recouverte par un nouveau mur afin d’élargir le passage qui relie la terrasse de la tour d’accès et l’enceinte de la Coracha et qui laisse entrevoir les restes des embrasures primitives.

2. TOUR DU CUBE

Elle est de plan semi-circulaire et se situe au centre du front est qui, par son emplacement, est le plus vulnérable de la forteresse. Aussi bien la tour comme le pan du rempart dans lequel elle est insérée forment une œuvre de maçonnerie achevée par le crénelé du même matériau. Tous deux font partie de la première barrière d’artillerie d’époque des Rois Catholiques, et sont dotés d’embrasures. L’intérieur de la tour présente une seule pièce couverte d’une voûte en pendentif en brique avec un orifice central d’aération. Au cours de l’intervention archéologique de 2014-2015, ses trois embrasures, qui étaient aveuglées ont été libérées. Probablement au XIXe siècle fut construit son actuel couloir d’accès délimité par une structure de maçonnerie, dont la fonction était  de contenir les  abondants décombres produits par la ruine de la propre forteresse. En témoigne le pan du rempart qui s’est écroulé à proximité, et que l’excavation archéologique a mis à découvert.

Barrière d’ artillerie

Cette structure commence à l’angle sud-ouest de la torre-puerta et se termine au point de contact avec l’enceinte méridionale. La barrière d’artillerie se compose de deux portions de différentes longueurs articulées par la torre del Cubo :

La première portion est la plus grande et se situe entre la porte principale de la forteresse et la tour semi-circulaire qui se trouve au centre de la partie orientale de la forteresse. Elle a été agrandie et achevée avec une rangée de merlons en brique au cours de la restauration réalisée le siècle dernier. Sa proximité avec la porte d’accès principale explique pourquoi elle héberge trois des quatre embrasures qui se trouvent sur cette face.

La deuxième portion est beaucoup plus courte et se situe entre la torre del Cubo et l’enceinte méridionale. Elle ne possède qu’une embrasure qui était occultée par différents rembourrages contemporains qui, une fois retirés, ont permis de découvrir un revêtement en pierres de taille moyenne dont le mortier était riche en chaux et qui étaient disposées de façon irrégulière.

3. PORTE D’ACCÈS.

Des deux côtés de la rampe en bois, on voit les restes de la porte d’accès au couloir, protégé entre des murailles qui reliait l’enceinte inférieure avec l’enceinte supérieure. Elle fut construite au temps des Rois Catholiques. Pendant les fouilles archéologiques de ce secteur, on a pu documenter la base de ses jambes en brique. Elle est située entre la deuxième barrière d’artillerie et la Tour Vieille, cette dernière appartenant à l’enceinte supérieure. La Tour Vieille est l’élément défensif le plus important de la forteresse chrétienne. Elle fut construite au XVIème siècle sur une autre plus petite, d’époque islamique. Sa physionomie actuelle est, dans sa partie supérieure, le fruit de la restauration de l’architecte Francisco Prieto-Moreno, réalisée dans les années 1960. Du haut de cette tour on contrôlait le front le plus vulnérable de la forteresse, limitrophe avec la ville chrétienne.

4. BASTION DE LA CITERNE.

C’est une structure destinée à surveiller et garder la côte. Sa conformation actuelle date du XVIIIème siècle, bien que nous sachions qu’elle est bâtie sur une autre structure plus ancienne. C’est une œuvre de l’ingénieur militaire Joseph de Crame, dont son plan de 1767 est conservé, et qui a permis d’identifier l’unité qui gardait la poudre des canons (1). Sous le bastion se trouve la citerne d’où il tire son nom, construite en 1496 (2); son plan est rectangulaire et elle est couverte d’une voûte en berceau. Près de cette citerne fut construit vers 1960 un réservoir d’eau pour approvisionner la ville (3).

TOUR DE FLANQUEMENT: c’est une tour crénelée construite au XVIème siècle de maçonnerie irrégulière. Elle dispose de deux embrasures donnant sur son côté nord, et situées à différents niveaux (4), pour protéger la deuxième barrière d’artillerie.

5.         COULOIR – RAMPE D’ACCÈS À L’ENCEINTE SUPÉRIEURE.

Ce long couloir faisait communiquer l’enceinte inférieure avec l’enceinte supérieure. Il est délimité au sud-est par la deuxième barrière d’artillerie (1), et au nord-est par le mur périmetral de l’enceinte supérieure (2), situé plus en hauteur. Bien que sa configuration actuelle soit d’œuvre chrétienne, tout semble indiquer qu’il y eut à l’époque nasride un couloir similaire.La deuxième barrière présente à chacune de ses extrémités une embrasure d’artillerie, et s’adosse par son extrémité ouest à une tour de flanquement couronnée d’un crénelé avec des meurtrières.Au cours des fouilles archéologiques, il fut découvert que la deuxième barrière d’artillerie chrétienne amortissait une muraille plus ancienne (3), appartenant au système défensif du couloir – rampe d’époque islamique (4). Ses peu des restes conservés appartiennent au soubassement de maçonnerie d’une œuvre qui était peut-être en pisé; sa trajectoire cassée contraste avec le tracé rectiligne du couloir chrétien, configuré avec une plus grande largeur que son antécédent islamique. L’actuel accès réutilise une jardinière construite dans les années 1970.

6. TOUR-PORTE D’ACCÈS À L’ENCEINTE SUPÉRIEUR.

Il s’agit d’un accès en courbe inscrit à l’intérieur d’une tour en plan carré qui à l’origine fut construit en pisé, bien qu’il soit actuellement en grande partie en maçonnerie et en brique.On accède à l’intérieur par un arc en brique encadré par un alfiz. L’intérieur du pas coudé est couvert par deux voûtes en berceau articulées par une voûte d’arête. Dans le mur de droite on note l’existence de deux niches terminées par des arcs en plein cintre en brique qui ont hébergé des sièges pour le repos de la garde. En face de la porte d’accès on trouve une autre niche dans laquelle fut placée une image de Saint Onuphre, une fois que le château passa aux mains des chrétiens. La sortie vers l’enceinte supérieure s’effectue à l’aide d’un autre arc en brique ouvert  sur la face Nord de la tour.

7. CITERNE ET ENTREPÔT

La citerne est d’une seule nef et présente un plan rectangulaire. Ses murs ont une épaisseur de presque un mètre et sont en mortier. Elle atteint une profondeur de deux mètres et des dimensions intérieures d’environ 6 mètres par 3. Ses murs étaient enduits d’un mortier riche en chaux qui participait à une parfaite imperméabilisation. Elle fut originellement couverte par une voûte en berceau, dont des fragments importants ont été attestés à l’intérieur.Adossé à la citerne par sa partie orientale, se trouve un édifice de plan rectangulaire avec deux nefs, et délimité sur tout son périmètre par d’imposants murs de maçonnerie et de brique. Ses nefs étaient séparées par un portique fait de gros piliers en brique, qui fut ensuite muré, en laissant seulement une baie de communication située dans son extrême ouest. Les pièces présentent toutes deux des restes de leur pavage en brique. Il s’agit probablement d’un entrepôt ou de chambres à coucher du quartier de l’Âge Moderne (XVIème – XVIIIème siècles).

8. BAINS .

Édifice nasride (XIVème siècle) qui suit le modèle habituel des bains islamiques, avec trois zones :Zone Sèche (1-5): il s’agit des dépendances d’accès aux bains.Zone Humide (6-9). Elle se compose de trois espaces successifs qui étaient couverts de voûtes en brique: la salle froide (6) qui dans ce bain est réduite à un petit espace de transition entre les zones sèche et humide; la salle tiède (7); la salle chaude (8), dont on trouve un bassin d’eau (9), avec des carreaux vitrés et un puisard qui se déversait dans la conduite d’eau située au nord des bains, où il y avait une rue (14).Zone de Service (10 y 11) Elle est située entre la salle chaude (8) et la rue (13) qui délimite les bains à l’est.Depuis ce panneau, situé dans ladite rue, vous pouvez contempler au premier plan la Zone de Service, isolée du reste de l’édifice, disposant pour cela d’un accès direct (12) pour l’entrée du personnel d’entretien et du combustible. Au centre, on voit les restes du four circulaire en brique(10) sur lequel était la chaudière à eau. Le même four chauffait l’air qui circulait dans l’hypocauste, situé sous la salle chaude, et sortait par les quatre cheminées qui existaient dans les murs. Cette infrastructure était couverte par des voûtes sur lesquelles s’appuyait le pavage de la salle chaude. Après la conquête chrétienne, l’édifice fut transformé en une maison à cour, dont le pavage en brique en épi, encore visible, amortit l’hypocauste des bains.

9. TOUR DE L’EAU ET  BASTION DE LA “CORACHA”.

La Tour de l’Eau doit son nom au puits de noria qui était construit dedans, et fournissait l’eau au château depuis un dépôt par lequel arrivait une canalisation souterraine, connectée avec le canal d’irrigation, provenant de la rivière Guadalfeo, et qui apportait de l’eau à la Salobreña médiévale. La tour actuelle est une reconstruction réalisée en 1960, qui garde dans son intérieur les restes du ledit puits de noria. Le Bastion de la “Coracha” est situé à l’extrême nord-ouest du château. Il a été construit au XVIème siècle, dans le cadre du programme de réformes proposées par l’ingénieur Ramiro López. Il s’agit d’une construction de plan légèrement trapézoïdal, réalisée en maçonnerie mixte de brique, pierre et pisé, appuyée directement sur la roche. Elle s’achève par un parapet, reconstruit presque entièrement au XXème siècle. Son but était d’aider à défendre ceux qui venaient au secours de la forteresse par la mer.

10. LA TORRE VIEJA -QUBBA-

La tour actuelle est de forme carrée et culmine à 16 mètres de haut. À l’époque nazari, il devait s’agir d’un seul espace avec une qubba à l’intérieur, communiquant avec le salon principal du palais, tel qu’elle apparaît dans d’autres résidences nazari, comme dans la chambre royale de Santo Domingo, le Generalife ou le palais de Comares ; sans doute les meilleurs exemples de cette solution architecturale.

On y observe une tour située en hauteur, utilisée comme un élément de propagande de l’éloge du pouvoir qu’exerce le sultan sur la ville. À Salobreña, cet éloge se fait sur la mer, du fait de l’importance de son port. L’hypothèse selon laquelle cette tour était une qubba occupant les fonctions décrites est renforcée par la présence dans le tiers inférieur de sa face principale d’une bande décorative formée par de petits arcs aveugles entrecroisés de brique.

Il paraît évident que le patio ne s’est jamais trouvé dans la tour mais dans ses environs et que l’intérieur de la tour renfermait une chambre à l’époque Nazari.

Elle a été reconstruite au cours des années 1950.

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11. LE DONJON TORRE DEL POLVORIN

En 1490, un document mentionne deux donjons : le premier est une « grosse tour qui est dénommée donjon », la torre Nueva ; le second est « le donjon qu’il faut construire ». Ce nouveau donjon est peut-être le seul dont il est fait mention dans les documents du XVIe siècle. Il est localisé dans un plan historique où il apparaît bien dessiné et tracé. Il s’agit du plan de Juan Subreville, datant de 1722, dans lequel il apparaît, où il fait partie de la muraille face à la mer, dans l’enceinte supérieure.

Il est représenté comme une tour d’angle circulaire, de la même forme qu’actuellement. Sur le tracé, il présente une hauteur considérable, très loin de celle d’aujourd’hui ; étant donné la fiabilité du plan, il est possible qu’il ait disposé d’un second étage nécessaire à sa mission de contrôle. Les restes qui ont été conservés appartiennent à un étage inférieur voûté et indiquent que l’accès au deuxième étage ne se faisait que depuis le rempart de la muraille.